Source : Le Parisien
INTERPELLATIONS : Trafic d'animaux : 120 chiots saisis en Picardie
mardi 11 mars 2008, 18h47 | AFP
Onze personnes ont été interpellées. Les jeunes chiens venaient a priori d'Europe de l'Est et n'auraient pas été bien traités.
Les autorités ont voulu frapper un grand coup contre le trafic de chiots en provenance d'Europe de l'Est en lançant mardi une vaste opération qui s'est soldée par 11 interpellations et la saisie de 120 chiots dans des animaleries et chenils de Somme, d'Aisne et du Pas-de-Calais.
L'opération a été menée par 200 gendarmes et coordonnée par le GIR (Groupement d'intervention régionale qui réunit notamment gendarmes, policiers et douaniers) sur commission rogatoire d'un juge d'instruction d'Amiens, a précisé le procureur de la République d'Amiens, Patrick Beau.
Elle visait notamment à vérifier l'exactitude des déclarations concernant l'origine, l'âge et les conditions sanitaires des chiots concernés.
Parmi les personnes interpellées figurent un vétérinaire, des vendeurs de chiens, des éleveurs et des métayers (élevant des chiens ne leur appartenant pas), a ajouté M. Beau.
Une instruction avait auparavant été ouverte concernant notamment les chefs de tromperie sur l'origine, faux et usage de faux, mauvais traitements à animaux et exercice illégal de la médecine vétérinaire. Selon des sources proches de l'enquête, les chiots pourraient provenir de République tchèque, de Slovaquie et de Biélorussie et auraient transité par la Belgique et les Pays-Bas. Dans l'un des chenils, situé à Mézières-en-Santerre (Somme), des cadavres de chiots ont été saisis, signe d'une mortalité importante, a précisé de son côté un porte-parole de la gendarmerie, le lieutenant Bruno Leneutre.
Les chiots saisis vont faire l'objet de toutes les analyses biologiques nécessaires avant d'être remis à la SPA. L'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), la brigade des enquêtes vétérinaires, la direction des services vétérinaires et la direction générale de la concurrence et répression des fraudes ont également été associés à l'opération.
La SPA, elle-même dotée d'une cellule anti-trafics, a précisé qu'elle avait fourni aux enquêteurs tous les éléments permettant de démanteler la filière. Selon un communiqué de l'organisme de protection des animaux, «il est temps qu'une prise de conscience s'opère sur les réalités de ce commerce où l'animal est considéré comme un bien de consommation». La SPA a déposé de nombreuses plaintes en cours d'instruction en France contre des marchands de chiens, qui peuvent quintupler les prix pour des races à la mode.
Ce genre de trafic, outre les conséquences sanitaires du fait du défaut de vaccination, peut entraîner des conséquences pour la sécurité humaine : les chiens élevés dans des conditions inadaptées - quelquefois en batterie comme des poulets, avec un sevrage prématuré - peuvent ensuite se révéler dangereux.
«On laisse ce marché sans contrôle depuis la nuit des temps, il ne faut pas s'étonner aujourd'hui qu'il y ait des chiens "barjots"», selon la présidente de la SPA Carole Lanty, pour qui interdire une race ne sert à rien, «car toutes peuvent être rendues dangereuses».